Le marché français du camion pourrait retomber à son plus bas niveau depuis 1993

L'an dernier les ventes de plus de 5 tonnes ont encore progressé à 57.200 véhicules. Mais après un début d'année calamiteux, 2009 s'annonce difficile voire aussi difficile que lors de la dernière récession de 1993 pour les constructeurs de camions, selon Volvo Trucks France.

"Pour 2009, c'est mort. Nous travaillons pour 2010 et 2011". A peine commencé, Jean-Noël Thénaut, PDG de Volvo Trucks France, n'a déjà plus guère d'illusions sur l'exercice en cours. Si l'année 2008 a encore été exceptionnelle pour les constructeurs de camions présents sur le marché français avec quelque 57.200 véhicules de plus de 5 tonnes vendus l'an dernier dont 49.451 sur le segment des plus de 16 tonnes, segment de prédilection de la marque suédoise (contre 52.500 en 2007 dont 45.453 plus de 16 tonnes), 2009 sera en revanche "très difficile" a reconnu ce mardi le PDG de la filiale française. Voire pire.

D'après les premières estimations, les ventes de plus de 5 tonnes pourraient être ramenées à quelque 35.500 unités dans l'Hexagone cette année mais "il n'est pas exclu que l'on retombe au niveau de ventes de 1993", a-t-il pronostiqué. Dans une France alors en pleine récession, les constructeurs de plus de 5 tonnes n'avaient pas dépassé 27.900 immatriculations.

Car le début d'année, a été franchement mauvais : en janvier-février les immatriculations françaises de véhicules de plus de 5 tonnes ont plongé de 27%, 7.903 unités par rapport à la même période de 2008.

Autre signe inquiétant : dans un secteur du camion pourtant habitué aux effets de cycles, jamais retournement n'avait été aussi rapide. " Après 10 ans de hausse continue le choc a été brutal. Au lieu de 36 mois habituellement, le retournement s'est effectué en tout juste 12 mois, constate Jean-Noël Thénaut. Et aujourd'hui, nous avons plus d'annulations que de commandes". Car côté transporteurs, la crise a frappé fort. " Actuellement, 20% des camions sont immobilisés. L'année s'annonce dévastatrice au niveau financier pour les clients", reconnaît Christophe Tharrault., directeur commercial de Volvo Truck France.

Vers une guerre des prix
Pour autant, pas question pour le constructeur de baisser ses tarifs, plus élevés que la concurrence. "Aujourd'hui nous en sommes leader en prix à véhicule comparable. Nous ne négocierons pas nos prix. On préfère ne rien vendre que de céder à la panique et casser des années d'efforts même si ce n'est pas sans risque", prévient Jean-Noël Thénaut.

Mais tous ne peuvent s'offrir le luxe d'une telle politique. "2009 a commencé avec un total de quelque 6.000 camions en stocks. Les constructeurs qui ont une part de marché de 40% ont au moins 40% de stocks. Les réseaux qui font du buy back n'ont plus de trésorerie et ont déjà amorcé une guerre des prix", constate encore le groupe suédois qui, contrairement à la plupart de ses concurrents, commercialise ses camions en directe, refuse les buy back et peut se prévaloir d'avoir amorcé l'année avec à peine une soixantaine d'invendus.

Qui plus est, ses prix plus élevés traduisent aussi un équipement enrichi et des efforts en matière d'amélioration de la consommation. "Depuis juin 2007, nos FH sont tous aux normes Euro V", explique le constructeur qui vient d'annoncer le remplacement de toutes ses motorisations par une nouvelle génération de moteurs SCR répondant auxdites normes Euro V. Gain de consommation promis : 3%. Un argument qui, en ces temps de crise, ne devrait pas laisser insensible les transporteurs, le carburant représentant 25 à 30% de leurs dépenses (soit leur 2e poste de dépenses derrière les frais de personnels), espère Volvo, qui, au rang des nouveautés, prévoit aussi des intérieurs de cabine renouvelés et des options de sécurité supplémentaires.

Une politique payante ? Apparemment moins touché que ces concurrents par le recul du marché avec des ventes en baisse de 3%, à 1.073 unités à fin février, Volvo Trucks a également augmenté sa part de marché de 3,4 points, à 13,6% en ce début d'année par rapport à la même période de 2008. Cela après avoir vu sa part de marché reculer sur tous les segments du marché l'an dernier mais porté ses livraisons à 6.266 véhicules.

Source : Les Echos